Loened Fall au Japon: une interview, des images... (juin 2008)

Avec Loened Fall - et Bugel Koar - la musique bretonne s’exporte au Japon !

Interview de Ronan Guéblez, chanteur de Loened Fall, par Stefan Julou de Tamm-Kreiz

TK : pourquoi le Japon ?

LF : on n’a pas choisi, on nous l’a proposé ! On avait eu la chance de rentrer en contact avec Patrice Leroy, français résidant au Japon où il est à la fois prof de littérature française à l’université Keio et présentateur à la télé japonaise (NHK), et celui-ci a tout manigancé, avec le soutien de la Région Bretagne et dans le cadre des 150 ans de relations diplomatiques entre la France et le Japon. Nous sommes donc partis pour 8 jours au Japon, à Tokyo, donc dans une agglomération de 35 millions d’habitants, aussi étendue que la Belgique… dépaysement assuré !

TK : qui était donc du voyage ?

LF : Loened Fall au grand complet, donc avec trois chanteurs : Marthe bien sûr, mais aussi Nolùen Le Buhé et moi-même, ce qui permettait de varier les plaisirs ! Par ailleurs, le duo Bugel Koar - Marthe accompagnée au mélodéon par Philippe Ollivier - était aussi invité ; enfin, Jeannot Le Coz, le distingué fiselologue de Rostrenen, secondé par Jean Février, l’animateur du Cercle de Crozon, devait initier les masses nipponnes aux subtilités de la danse bretonne.

TK : et alors, justement, la danse bretonne est-elle exportable au Japon ?

LF : on nous avait dit que çà n’était pas gagné car les Japonais n’aiment pas les contacts corporels et qu’une simple poignée de mains leur est difficile, alors des danses en chaine, a fortiori, bien serrés comme en dañs plin… Eh bien, grâce à la pédagogie des profs Le Coz et Février, qui ont dû former 400 danseurs en deux jours, tout s’est passé comme à la maison, et il n’y a qu’à regarder les expressions de bonheur des danseurs sur les photos pour le comprendre ! Le fait qu’une bonne partie du public soit composée d’étudiants est sans doute également un élément important. Au final, depuis la scène, nous avons été surpris… de ne pas être surpris car on pouvait chanter tout en regardant les danseurs, avec le même sentiment d’échange que l’on ressent, ici, à chaque fest-noz. En tout cas, cette façon de danser semble bien correspondre aux attentes de divertissement des japonais.

TK : le meilleur souvenir ?

LF : il y en a beaucoup, beaucoup d’images de fest-noz, mais aussi de rencontres dans la rue, dans le métro, au restaurant… Alors je choisis un moment vécu lors d’une soirée d’improvisation entre Bugel Koar et un duo japonais composé d’une chanteuse et d’une danseuse de Buto : Marthe était en train de chanter « Erru eo ar momed », une chanson triste du Centre-Bretagne contant l’histoire d’une fille mariée par sa mère contre son gré, et au début du couplet où la mère ordonne à sa fille de lui obéir, la chanteuse japonaise a commencé spontanément à frapper le sol, alternativement de son poing fermé et du plat de la main, dans un geste de grande autorité qui scandait littéralement les paroles chantées par Marthe… Difficile d’imaginer plus belle image de communication entre deux cultures aussi éloignées.

TK : le pire souvenir ?

LF : sans doute la façon dont j’ai été réveillé au matin de notre 4ème nuit, la première où j’avais réussi à m’adapter au décalage horaire : j’ai eu l’impression qu’un farceur secouait assez résolument mon lit, et c’était l’effet d’un tremblement de terre à 600 km au nord de Tokyo. Les médias en ont parlé ici, à la mi-juin ; le pire de ce pire souvenir, ce sont sans doute les très, très légers craquements qu’on entendait dans la chambre…

TK : et le souvenir le plus drôle ?

LF : aucune hésitation, c’est la première fois que j’ai testé l’ingénieux dispositif des toilettes qui vous envoie un petit jet d’eau tiède juste là où il faut…

TK : alors quel bilan de cette semaine japonaise ?

LF : eh bien, il est question que nous retournions là-bas dès 2009, et dans ce cas çà sera avec grand plaisir ! En plus, Jeannot Le Coz et moi-même avons enfin appris à manger avec des baguettes, il était temps…

TK : alors pour terminer, quels projets pour Loened Fall ? Et ce 3ème cd ?

LF : à court terme, l’actualité de Loened Fall, c’est la sortie du 3ème cd, qui arrive dans les bacs cet été ! Comme pour les deux premiers cd, les morceaux à danser ont été enregistrés au cours de divers festoù-noz et seules les trois « cartes blanches » ont été réalisées en studio ; un autre point commun avec nos opus précédents : la qualité de la pochette (un grand merci à An Naër Produksion de permettre un tel travail !), mais ce nouveau cd présente une grande nouveauté : délicatement lové dans cette somptueuse pochette (n’ayons pas peur des mots), vous trouverez, en plus du cd, un dvd que nous avons appelé « la vie des bêtes », avec des séquences tournées lors des 10 ans du groupe et en répétition, ainsi que des interviews, bref, un très beau produit !!!